Ca piétine ici !
Et il a l’air de faire bon.
Tant mieux car je commençais à me geler les orteils.
Où sommes-nous donc ?
Je glisse un coup d’œil rapide par la fente de côté.
Je renifle discrètement.
Hum, ça sent bon le cuir !
Pas de doute.
Nous sommes dans un magasin de chaussures.
Et chic, en plus.
Je regarde autour de moi.
Certains sont d’une rare élégance.
Celui-là a de l’allure avec ces chaussettes multicolores.
Tiens, elles ont une place pour chaque orteil.
C’est la première fois que je vois cela.
Ce doit être drôlement confortable.
Et celui-là qui se tortille là-bas.’
Ce n’est pas vrai, il est tout nu !!!
Le pauvre, je n’aimerais pas être à sa place.
Tout le monde le regarde.
Bon, qu’est ce qu’ELLE fait ?
J’en ai marre de la porter.
D’autant que L’AUTRE est fatigué en ce moment.
Oh, pas grand-chose, juste une vilaine ampoule.
Mais elle dure … Et je sens bien qu’il traîne la patte.
La nuit, dans le lit, il gémit.
Je le comprends, ce n’est pas drôle.
Mais en attendant, je bosse pour deux.
Ouf, ELLE s’assoit…
Un peu de repos me fera le plus grand bien.
Aie, aie, aie, elle commence à me déshabiller.
Et me voilà exposé aux yeux de tous dans cette affreuse chaussette DIM.
Voilà L’AUTRE qui sort à son tour.
Le frottement du contrefort l’a blessé.
Le voilà qui pleurniche.
Qu’est ce qu’il est geignard !
Du coup, tout le monde nous regarde.
C’est malin !
Et en plus, il a filé sa chaussette.
Comme d’habitude …
C’est systématique quand il n’est pas bien.
Il tire tous les fils qu’il a sous l’orteil.
De honte, je me recroqueville sur la moquette.
Elle est douce et épaisse.
Je me vautre dedans.
Quel bonheur !
Tiens, L’AUTRE me grimpe dessus.
On chahute un peu.
Comme deux frères.
Cela fait du bien.
Et puis, on en profite pour mater discrètement.
C’est de notre âge.
Waouh, ils sont « canons » ces deux là !
Minces, élégants, les ongles peints.
En talons aiguilles, s’il vous plaît.
Ce sont ceux de la vendeuse …
Avec L’AUTRE, on se pousse du petit doigt.
Mon Dieu, qu’ils sentent bon.
Je respire à pleins orteils.
Ne riez pas, je suis un pied sensuel.
On ne se refait pas…
Une pile de boîtes atterrit à mes côtés.
Agnes Charbonnier